Procrastination : 9 Dirigeants d’Entreprises sur 10 la Pratiquent !
L’écrasante majorité des Françaises et des Français procrastinent. Qui n’a jamais remis à plus tard une tâche ennuyeuse, qu’il s’agisse de classer des papiers, ranger le garage ou encore faire le ménage ? Ce qui est vrai dans la sphère privée l’est également dans la sphère professionnelle, nombre de salariés reconnaissant vivre ce genre de situation sur leur lieu de travail.
Mais qu’en est-il des dirigeants et des managers en charge de la bonne marche de leurs entreprises ? Se laissent-ils eux aussi aller à reculer le moment de réaliser certaines actions, de prendre certaines décisions ? Et si tel est le cas, comment gèrent-ils leur tendance à procrastiner et les conséquences qu’elle peut induire ?
À l’occasion de la journée mondiale de la procrastination le 25 mars, Hostinger et l’agence spécialisée en data FLASHS ont choisi d’interroger plus de 1 000 décideurs sur leur propension à remettre à plus tard.
Particulièrement intéressants, les résultats de cette enquête inédite montrent clairement que dirigeants et managers n’y échappent pas, loin de là, quand bien même ils sont nombreux à lutter pour en atténuer les effets. Effets dont ils reconnaissent qu’ils peuvent être positifs, mais également lourds de conséquences pour eux-mêmes et leurs activités.
Tous procrastinateurs ?
L’écrasante majorité des dirigeants et managers procrastinent à divers degrés lorsqu’ils travaillent. Près de 9 sur 10 (89%) s’y laissent en effet aller, un tiers (33%) d’entre eux reconnaissant que cela leur arrive toujours ou souvent. 20% des 18-24 ans indiquent qu’ils procrastinent de manière systématique, soit cinq fois plus que chez leurs aînés âgés de 55 à 64 ans (4%).
Face à cette tendance au report des tâches, la réaction des répondants est quasi unanime : 96% disent en effet lutter contre cette inclinaison, dont près de la moitié (49%) qui tentent très régulièrement de la contrecarrer.
Manque de motivation et surcharge de travail
La procrastination des dirigeants et managers obéit à plusieurs facteurs : cité par 41% (et 50% des 18-24 ans) des personnes interrogées, le manque de motivation arrive en tête, suivi de près par la surcharge de travail, invoquée pour sa part par 40% (et 51% des plus de 55 ans).
Leur perfectionnisme pousse également plus du tiers (36%) à remettre au lendemain actions et décisions tandis que la peur de l’échec agit de même pour un gros quart (28%) du panel, les femmes (30%) étant en l’espèce plus concernées que les hommes (26%). Dans une moindre mesure, le manque de clarté sur la tâche à accomplir (22%) et son manque d’intérêt (21%) sont aussi des raisons d’ajourner leur accomplissement.
La corvée des tâches administratives
Lorsque l’on rentre dans le détail des tâches qui poussent dirigeants et managers à procrastiner, celles relevant de l’administratif arrivent sans grande surprise très largement en tête. Près de 6 sur 10 (58%) les désignent en effet comme une motivation importante… à laisser traîner les choses.
Viennent ensuite la prise de décisions stratégiques, citée par 24% des personnes interrogées, puis la gestion des ressources humaines et la gestion financière dont 21% font état. Tâches qui peuvent être lourdes de conséquences et dont on comprend aisément qu’elles puissent être reportées afin d’en mesurer l’ensemble des tenants et aboutissants.
Interrogés plus spécifiquement sur le type d’activités propices à nuire à leur productivité et à les amener sur la voie de la procrastination, les personnes interrogées dans cette étude citent notamment les retards des fournisseurs (52%), la gestion de cas épineux dans le domaine des de ressources humaines (49%), les dépenses imprévues (49%) ou encore le traitement d’un dossier juridique (48%) et les impayés des clients (43%).
Des effets bénéfiques à procrastiner…
S’ils culpabilisent et luttent contre elle, les décideurs accordent néanmoins un certain nombre d’avantages à leur procrastination. Près des deux tiers (63%) estiment ainsi qu’elle leur permet d’améliorer leurs prises de décision et d’identifier les vraies priorités, ou encore qu’elle les aide à se concentrer sur ce qui requiert leur attention immédiate (67%).
Pour plus de la moitié (57 %) des personnes interrogées, se donner du temps en reportant certaines tâches est aussi l’occasion de se sentir moins stressé. La majorité (58 %) affirme également que la procrastination est l’occasion de stimuler sa créativité en trouvant de nouvelles idées.
… mais aussi de fâcheuses conséquences
Malheureusement, il y a bel et bien un revers à la médaille procrastination. Et ce revers peut être lourd de répercussions. Ainsi, plus des trois quarts (76%) des dirigeants et managers se sont déjà retrouvés à cause d’elle dans des situations de stress vis-à-vis des échéances qu’ils devaient respecter, et une proportion quasi identique (74%) a déjà ressenti de la culpabilité après avoir trop temporisé.
Pour 66% des répondants, cette situation a eu un impact sur leur vie privée en les obligeant à travailler plus longtemps pour rattraper le temps perdu, tandis que plus de 6 sur 10 (63%) reconnaissent que procrastiner leur a fait louper des opportunités commerciales ou de développement.
Enfin, et même s’ils sont moins nombreux à le mentionner, 54% ont constaté un impact négatif sur le travail de leurs collaborateurs et 47% ont vu leur réputation souffrir auprès de leurs clients ou leurs fournisseurs.
Déléguer, laisser traîner ou automatiser
Dans le monde professionnel, certaines tâches sont nettement plus rébarbatives que d’autres, et sont donc susceptibles d’amener les décideurs à procrastiner. Confrontées à ce qu’il convient de qualifier de « corvées », 82% des personnes interrogées optent pour les déléguer à une tierce personne, mais moins de la moitié (41%) disent le faire toujours ou souvent. Les régler le plus rapidement possible pour en être débarrassé est le choix retenu par plus de 9 dirigeants et managers sur 10 (93%), les deux tiers (66%) étant coutumiers du fait.
Il arrive également à 68% d’entre eux de laisser traîner les choses le plus longtemps possible (13% disant que cela est toujours le cas) ou encore de les remettre simplement au lendemain (81% le font, dont 42 très régulièrement). Enfin, 91% des répondants cherchent plus ou moins fréquemment des solutions pour simplifier ou automatiser ces tâches qui les encombrent.
L’efficacité relative de l’IA
À l’heure où l’intelligence artificielle offre de multiples opportunités d’améliorer la productivité et la gestion du temps, les décideurs se servent-ils de tels outils pour freiner leur procrastination ? 61% déclarent le faire, mais seulement un tiers (34%) considèrent que c’est efficace pour eux. Il est à noter que 25% des répondants qui n’ont pas fait cette démarche expliquent que leur tendance à remettre les choses à plus tard ne les dérange pas tandis que 14% en sont affectés.
L’adoption des solutions sans code (no-code) connaît un essor fulgurant en France et pourrait révolutionner la lutte contre la procrastination. L’étude récente sur l’intelligence artificielle (IA) et le no-code menée par Hostinger et Flashs révèle que les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les PME sont en pointe, avec 80% d’entre elles utilisant des solutions sans code. Les grandes entreprises (71%) et les TPE (47%) suivent de près. Ces solutions facilitent l’automatisation des tâches et la gestion des workflows, libérant ainsi un temps précieux aux dirigeants et réduisant potentiellement les facteurs qui déclenchent la procrastination.
Comment gérer la procrastination des collaborateurs ?
Inhérente à la nature humaine, la procrastination existe à tous les échelons d’une entreprise. Puisqu’ils sont eux-mêmes concernés, comment les dirigeants et managers gèrent-ils la procrastination de leurs collaborateurs ?
Plus de 4 sur 10 (41%) ont mis en place des mesures afin d’en limiter les effets. Parmi eux, les trois quarts (75%) ont opté pour l’organisation de réunions régulières pour suivre les projets en cours, 64% ont doté leur entreprise d’outils permettant d’optimiser les délais et les tâches et les deux tiers (66%) disent avoir proposé des programmes de formation ou de coaching à leurs salariés.
D’autres démarches, plus coercitives pour certaines, sont également mises en œuvre par nombre de décideurs : 67% ont ainsi installé des logiciels de suivi de temps sur les ordinateurs, 68% se sont tournés vers des systèmes de contrôle d’accès et de pointage pour suivre les heures de travail, et près de la moitié (49%) ont installé des caméras dans les espaces de travail.
Un intérêt nuancé pour la semaine en 4 jours
Que pensent les dirigeants et managers de la semaine en 4 jours, réorganisation que le Premier ministre Gabriel Attal a demandé aux ministères d’étudier lors de sa déclaration de politique générale le 30 janvier dernier ?
Du bien visiblement puisque les deux tiers (67%) se disent favorables à sa mise en œuvre au sein de leur entreprise, 34% d’entre eux se montrant même particulièrement enthousiastes. Seule une minorité de 16% y est réfractaire, tandis que 17% restent indécis.
Cependant, les personnes interrogées expriment des doutes quant à la faisabilité de cette initiative : 58% considèrent ainsi qu’elle serait impossible ou difficile à réaliser, contre 40% qui estiment, au contraire, que sa mise en place serait relativement simple.
Bien que cette potentielle réforme du temps de travail présente plusieurs bénéfices pour leur entreprise, comme un accroissement de la productivité générale (55%), une amélioration du bien-être des employés (71%), un gain d’attractivité (66%), et la possibilité de diminuer l’absentéisme (61%), les répondants soulignent également d’éventuels écueils.
Ils anticipent notamment un risque accru de procrastination parmi les équipes, avec 40% d’entre eux partageant cette préoccupation contre 31% qui ne sont pas de cet avis. De plus, 48% craignent que cette mesure n’entrave l’organisation efficace de leur société.
Enquête menée les 4 et 5 mars 2024 par Selvitys pour Hostinger.fr et FLASHS par questionnaire autoadministré auprès de 1 019 dirigeants et managers d’entreprises françaises de 1 à plus de 5 000 salariés.