Les Français et leur vie en ligne : une relation forte et ambivalente

Devenus incontournable depuis une quinzaine d’années dans la vie d’une majorité de Français, Internet et les réseaux sociaux ont profondément transformé nos comportements et nos manières d’interagir. Ainsi, aujourd’hui, plus de 8 personnes sur 10 déclarent régulièrement publier, commenter ou réagir en ligne sur les plateformes et sites qu’elles fréquentent.

Mais cette intégration presque naturelle du numérique dans notre quotidien s’accompagne de nombreuses interrogations : comment ces pratiques varient-elles selon les générations ? De quelle manière influencent-elles la personnalité et le ressenti des utilisateurs ? Quels sentiments génèrent-elles chez ceux qui les utilisent assidûment ? Quelles stratégies mettent-ils en place pour gérer les éventuelles difficultés liées à cette exposition constante ?

Pour y répondre, Hostinger a confié à l’institut FLASHS la réalisation d’une grande enquête auprès d’un échantillon représentatif de plus de 1 500 Françaises et Français. Leurs réponses apportent un éclairage précis sur cette présence en ligne devenue omniprésente, mais qui reste marquée par une véritable ambivalence.

Entre dissociation des personnalités, sentiment de liberté, mais aussi crainte du jugement, poids des regrets et volonté croissante de modérer leur activité, les internautes français témoignent avec le recul de l’expérience de la complexité d’une vie désormais étroitement mêlée au numérique.

Des interactions quotidiennes devenues la norme

Qu’il s’agisse de publier, de liker ou de commenter, les deux tiers des Français (67%) interagissent quotidiennement sur les réseaux sociaux ou les sites qu’ils fréquentent. En ajoutant ceux qui le font plusieurs fois par semaine (15%), cette pratique est aujourd’hui courante pour plus de 8 personnes sur 10. À l’inverse, tout juste un Français sur vingt (5%) déclare ne jamais interagir de la sorte.

Sans surprise, les jeunes adultes sont les plus assidus : 89% des 18-24 ans et 78% des 25-34 ans déclarent être actifs en ligne tous les jours. Une proportion qui diminue progressivement avec l’âge, même si les deux tiers (66%) des 35-49 ans et encore plus de la moitié des plus de 50 ans (53%) sont également dans ce cas.

Des préférences générationnelles marquées

Toutes générations confondues, Facebook reste le réseau social le plus utilisé par les Français actifs en ligne (61%), suivi par Instagram (56%) et WhatsApp (47%). Proches de ce trio de tête, YouTube (43%), TikTok (42%) et Snapchat (38%) se tiennent dans un mouchoir de poche, loin devant leurs concurrents que sont X-ex Twitter (14%) ou encore LinkedIn (13%).

Mais ce classement global masque les très nettes différences d’usage qui apparaissent dès lors qu’on applique aux résultats un filtre générationnel.

  • Le leader Facebook ne figure pas dans le top 5 des réseaux utilisés par les 18-24 ans, largement dominé par Instagram (83%), TikTok (79%) et Snapchat (74%). La Gen Z place aussi en bonne position YouTube (55%) et WhatsApp (37%).
  • Chez leurs aînés âgés de 25 à 34 ans, les deux premières places reviennent elles aussi à Instagram et TikTok, mais avec une pénétration moindre (respectivement 68% et 57%). YouTube (53%) monte sur la troisième marche du podium, Facebook (51%) en est écarté, de même que Snapchat (50%), qui coiffe tout de même au poteau WhatsApp (46%).
  • Logiquement, car il a été pour cette génération un précurseur en matière de réseaux sociaux, Facebook arrive en tête parmi les 35-49 ans avec trois quarts (74%) d’utilisateurs, suivi par Instagram (52%), WhatsApp (50%), YouTube (40%) et TikTok (37%).
  • Facebook est également le réseau social sur lequel les plus de 50 ans sont les plus actifs (74%). La moitié (50%) d’entre eux déclarent par ailleurs utiliser WhatsApp et près de 4 sur 10 (39%) Instagram. Un top 5 que complètent YouTube (32%) et TikTok (19%).

Une personnalité transformée en ligne

Si dans leur majorité (57%), les Français disent garder la même personnalité lorsqu’ils sont en ligne et hors ligne, plus de 4 sur 10 (43%) reconnaissent être différents, dont 17% totalement. En la matière, les hommes sont plus nombreux que les femmes (47% contre 39%) à montrer un autre visage, une transformation qui concerne particulièrement les 18-24 ans puisque près des deux tiers d’entre eux (63%) indiquent modifier complètement ou partiellement leur personnalité une fois connectés.

Il apparaît donc logique que les comportements exprimés en ligne diffèrent sensiblement de ceux adoptés dans la vie réelle. Ainsi, une majorité d’internautes actifs (57%) affirment faire preuve de plus d’empathie, une tolérance probablement facilitée par la distance qu’offre l’écran. Plus de la moitié (55%) indiquent adopter une attitude plus réfléchie qui peut s’expliquer par la prise de conscience des conséquences sur le long terme de prises de position ou d’outrances qui subsisteront dans l’espace numérique.

Toutefois, cette forme de prudence n’est pas partagée par tous les utilisateurs : 48% s’expriment de façon plus directe lorsqu’ils sont en ligne, 39% pensent qu’ils sont plus drôles ou sarcastiques et 38% admettent se montrer plus audacieux qu’ils ne le feraient en face-à-face, tandis qu’une proportion non négligeable (14%) reconnaît employer un langage plus vulgaire.

Sentiments ambivalents

Les utilisateurs actifs semblent globalement convaincus de garder la main sur leur image numérique : près des deux tiers (66%) affirment en effet parvenir à maîtriser la manière dont ils apparaissent en ligne. Cette impression de contrôle s’accompagne d’un sentiment accru de liberté, puisque 57% disent se sentir plus libres d’y exprimer leurs opinions, mais n’empêche pas la nécessité exprimée par 57% des personnes interrogées d’adapter leur comportement à la plateforme qu’ils fréquentent.

Quand bien même la sensation d’une plus grande liberté s’avère majoritaire, elle n’exclut pas l’impact des interactions parfois violentes qui découlent des activités en ligne : à peine plus de 4 Français sur 10 (43%) s’estiment plus en sécurité pour s’exprimer derrière leur écran, et 38% se sentent moins jugés que dans la vie réelle.

Des regrets fréquents, surtout chez les jeunes

Et de jugement, il en est justement question lorsqu’on les questionne sur les regrets qu’ils ont pu éprouver après avoir interagi en ligne. 44% reconnaissent avoir déjà regretté d’avoir publié un sentiment ou un contenu, dont 22% à plusieurs reprises. Ce phénomène touche particulièrement les jeunes adultes, il est vrai beaucoup plus connectés que leurs aînés : 63% des 18-24 ans et 55% des 25-34 ans admettent avoir connu ce sentiment, contre 44% des 35-49 ans, et seulement 28% des plus de 50 ans.

Quelles sont les raisons de ces regrets ? Principalement les retours négatifs ou critiques reçus à la suite d’un partage (44%), suivis par le fait d’avoir publié quelque chose sous le coup de l’émotion (41%). Le manque de réactions ou d’interactions suscite également un certain malaise pour près d’un tiers (32%), tandis que la crainte d’être jugé après coup est une cause mentionnée par plus d’un quart des répondants (28%).

Enfin, notons que la viralité inattendue et non maîtrisée d’un contenu est aussi un motif significatif évoqué par 16% des internautes, tandis que la perte de followers n’est un sujet de regrets que pour 6% des répondants.

Confiance, anxiété, frustration…

Au-delà des regrets ponctuels liés à certaines publications, la présence en ligne suscite une palette d’émotions contrastées qui façonnent l’expérience numérique des usagers. Parmi les effets positifs, 35% déclarent ressentir de la satisfaction, près d’un sur cinq (18%) affirme avoir développé une meilleure confiance en soi grâce à sa présence numérique, tandis que 16% évoquent même un sentiment d’accomplissement.

A l’inverse, plus d’un internaute sur cinq (22%) a déjà vécu des situations de stress, d’ennui (20%) ou encore de frustration. L’anxiété concerne tout de même 16% des utilisateurs, et environ un internaute sur dix a déjà subi une comparaison sociale négative (12%), éprouvé un sentiment d’isolement (10%) ou encore l’impression d’être manipulé (9%).

Besoin de régulation et stratégies

On le voit, la gestion de la vie numérique peut s’avérer source de réelles préoccupations pour les internautes français, qui mettent en œuvre diverses stratégies pour encadrer leurs interactions sur les réseaux sociaux. Parmi les comportements adoptés, près d’un répondant sur deux (45%) veille à séparer clairement vie privée et vie en ligne.

Cette mise à distance se traduit également par une limitation volontaire du temps passé devant les écrans, démarche choisie par plus d’un tiers (37%) des utilisateurs interrogés, et par la pratique d’activités loin des réseaux pour 32% d’entre eux. Autre forme de protection : bloquer ou masquer les contenus négatifs ou désagréables, une attitude à laquelle adhèrent 26% des répondants, et qui concerne plus particulièrement les plus jeunes (35% chez les 18-24 ans).

Enfin, cette étude souligne une réelle volonté de régulation chez les internautes, puisque plus de 7 sur 10 (72%) ont déjà réduit leur présence numérique (48%) ou envisagé de le faire (24%). Cette volonté de diminuer leurs activités en ligne est particulièrement marquée chez les jeunes générations : ils sont 87% chez les 18-24 ans et 80% chez les 25-34 ans à être dans ce cas.

Bien qu’elle reste majoritaire dans toutes les catégories d’âge, cette tendance décroît avec les années, passant à 69% chez les 35-49 ans et à 62% chez les plus de 50 ans. Chiffres qui restent quoi qu’il en soit élevés et témoignent d’une large prise de conscience des risques et conséquences d’une hyper connectivité.

Enquête réalisée par FLASHS pour Hostinger du 25 février au 1er mars 2025 par questionnaire autoadministré en ligne auprès d’un panel Selvitys de 1589 Français et Françaises âgé(e)s de 18 ans et plus, représentatif de la population française.

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L'auteur

Chaimaa Chakir

Chaimaa est une spécialiste du référencement et du marketing de contenu chez Hostinger. Elle est passionnée par le marketing digital et la technologie. Elle espère aider les gens à résoudre leurs problèmes et à réussir en ligne. Chaimaa est une cinéphile qui adore les chats et l'analyse des films.