Le Management au Féminin, entre Progrès et Sexisme Persistant

Au fil des dernières décennies, le nombre de femmes occupant des postes à responsabilité dans les entreprises et administrations françaises n’a cessé de progresser. Cette évolution a été soutenue par plusieurs lois volontaristes, telles que la loi Roudy en 1983, la loi Génisson en 2001, la loi Copé-Zimmermann en 2011 ou encore le récent Index de l’Égalité professionnelle en 2018. Aujourd’hui, on estime que plus du tiers des fonctions managériales et de direction sont assumés par des femmes contre environ 10% à l’aube des années 80.

Comme le montrent les résultats de l’enquête* réalisée courant mai par l’IFOP à la demande d’Hostinger sur le management au féminin, le genre des personnes avec lesquelles on travaille est bien moins sujet à clivage qu’il y a une quarantaine d’années. 

Toutefois, le masculin prédomine toujours dans nombre de secteurs. Si les mentalités ont fort heureusement évolué, il reste acquis pour une majorité de Françaises et de Français qu’il est plus compliqué de faire carrière quand on est une femme. Plus compliqué, et également plus difficile à vivre, en témoigne la fréquence des remarques sexistes dont les femmes dirigeantes restent la cible.

D’importants progrès restent donc encore à accomplir pour combler le fossé qui sépare toujours les genres en milieu professionnel, et donner l’envie et la possibilité aux femmes d’accéder à des fonctions auxquelles nombre d’entre elles s’interdisent encore de penser.

Relations égales quel que soit le genre pour 60% des actifs

Le nombre d’actifs qui déclarent aujourd’hui qu’il leur est plus facile de travailler avec un collègue masculin a baissé de manière significative en une quarantaine d’années. Ils étaient en effet 39% à le déclarer dans une enquête menée en 1987 contre 29% en 2024. Pour 6 actifs sur 10 aujourd’hui, les relations sont les mêmes quel que soit le genre. Par ailleurs, la proportion de personnes estimant qu’il est plus aisé d’avoir des relations au travail avec une femme a, elle aussi, diminué, passant de 21% en 1987 à 11% actuellement.

Globalement, et lorsqu’ils expriment une préférence, les répondants trouvent les interactions professionnelles plus aisées avec un homme qu’avec une femme. C’est notamment le cas des jeunes hommes : ils sont 44% chez les moins de 35 ans à le dire. 30% des femmes dans la même tranche d’âge partagent cette opinion.

Des équipes mixtes ou plutôt masculines

Cette tendance se confirme dans la préférence exprimée dans la composition des équipes. Si près de 7 actifs sur 10 (68%) se déclarent en faveur d’une mixité parfaite, 25% préfèrent travailler dans une équipe majoritairement masculine contre 7% qui privilégient au contraire une équipe à dominante féminine. Les femmes sont d’ailleurs plus nombreuses que les hommes à souhaiter travailler avec des collègues majoritairement du sexe opposé : 29% d’entre elles le disent contre 21% des hommes. À l’inverse, elles ne sont que 9% à prioriser un environnement plus féminin.

Management : 22% préfèrent un homme contre 46% en 1987

En termes de management, le comparatif établi avec les résultats de l’étude menée sur le sujet il y a 37 ans montre que le souhait de travailler sous la direction d’un homme a considérablement diminué. En effet, quand 46% des personnes interrogées à l’époque faisaient part de cette inclinaison, elles sont aujourd’hui 22%. Seuls 8% préfèrent recevoir leurs consignes d’une femme. Il n’en reste pas moins qu’une forte majorité des répondants (70%) déclare que cela leur est égal.

Les jeunes hommes sont, à nouveau, les plus nombreux à privilégier des relations au masculin en termes de hiérarchie. 34% des 18-35 ans sont dans ce cas, soit près du double de leurs aînés âgés de plus de 35 ans (18%). Chez les femmes en revanche, les plus âgées sont plus nombreuses que leurs cadettes à préférer travailler sous les ordres d’un homme : 25% des plus de 35 ans le disent contre 15% des 18-24 ans.

36% des actifs sont dirigés par des femmes

Au fil des décennies, la proportion de femmes occupant des postes de management dans les entreprises et administrations françaises, évalué aux alentours de 10 à 15% au début des années 1980, n’a cessé de progresser. Pour autant, il y a aujourd’hui toujours plus d’hommes que de femmes assumant ce type de responsabilités. Ainsi, plus de la moitié (54%) des actifs interrogés par l’IFOP dans cette enquête déclarent travailler sous la direction d’un homme et 36% sous celle d’une femme (1 sur 10 indiquant par ailleurs ne pas avoir de manager direct).  

Le détail des chiffres par secteurs d’activité témoigne d’un phénomène très genré : 94% des personnes évoluant dans le secteur de la construction et 70% de celles dans le secteur du commerce ont un homme pour supérieur hiérarchique. Les administrations (43%) et les services (52%) sont les secteurs dans lesquels l’on trouve le moins d’hommes à des postes de management.

Femmes et hommes dirigent-ils leurs équipes de la même manière ? Non, répondent près de 7 Français sur 10 qui considèrent que des différences existent. En l’espèce, les femmes sont plus nombreuses (71%) que les hommes (62%) à penser que les manières de faire varient selon le genre du responsable.

Faire carrière, c’est toujours plus compliqué pour une femme

Si le nombre de femmes qui accèdent à des postes à responsabilité progresse, les Français dans leur ensemble ont une conscience aiguë des difficultés qu’elles doivent affronter pour y parvenir. Pour preuve, les trois quarts (74%) d’entre eux déclarent qu’il est aujourd’hui toujours plus facile de faire carrière quand on est un homme. Sans surprise, les femmes sont les plus nombreuses – 79% d’entre elles le disent – à partager cette opinion. La perception de cette inégalité dans l’évolution de la carrière professionnelle en fonction du genre est aussi plus présente chez les plus jeunes : 82% des 18-24 ans en témoignent contre 69% chez les 50-64 ans.

Des secteurs d’activités plus difficiles que d’autres

Pour autant, et lorsque l’on questionne spécifiquement les salariés, la vision des obstacles qui se dressent sur la route des femmes en entreprise se nuance. En effet, une courte majorité des actifs (52%) considère qu’il n’existe pas de différence à l’accès aux postes à responsabilité en fonction du genre au sein de leur organisation. Pour 28%, être une femme s’avère en revanche un facteur pénalisant quand 20% jugent, au contraire, qu’il peut s’agir d’un atout. Les secteurs de la construction (39%) et des services (33%) sont ceux au sein desquels les salariés pensent que les postes à responsabilité sont plus difficiles à atteindre pour les femmes, une proportion qui tombe à 20% dans les administrations.

Le triste tableau des remarques sexistes

Dans l’univers professionnel, les remarques à caractère sexiste visant les femmes, qu’elles soient en situation de direction ou non, sont malheureusement monnaie courante. Les résultats de cette étude montrent en effet que plus de la moitié (53%) des personnes travaillant ou ayant travaillé ont déjà été exposées à différentes formes de sexisme visant le management au féminin durant leur carrière. Les femmes (58%), et particulièrement les plus jeunes d’entre elles (71% des 18-29 ans) en attestent.

Au premier rang de ces remarques plus que déplacées figure la très connue « Elle est de mauvaise humeur, elle doit avoir ses règles » à l’endroit d’une manager exerçant son autorité. Plus du tiers (36%) des répondants l’ont déjà entendue prononcer, notamment les femmes (41%) et les 18-29 ans (50%).  Dans des proportions à peine moindres, 31% des personnes interrogées ont été témoins de commentaires dénigrant la tenue et le physique d’une femme, ou encore ses compétences à diriger. 

Par ailleurs, laisser entendre qu’une femme a pu obtenir un poste à responsabilité en échange de faveurs sexuelles, la fameuse « promotion canapé », n’a rien d’anodin puisque 27% rapportent de telles insinuations. Pour compléter ce triste tableau, notons encore qu’il n’est pas rare qu’une manager soit qualifiée d’hystérique au seul motif qu’elle est une femme (22%), ou encore qu’elle doit son poste à son genre (18%).

Un sentiment de discrimination au travail plus fort chez les femmes

En sus des remarques sexistes auxquelles elles sont plus confrontées que les hommes, les femmes ressentent plus fortement le sentiment d’être victimes de différents types de discriminations en raison de leur genre. 37 % d’entre elles disent y avoir été confrontées sous diverses formes. Elles sont ainsi 22% (contre 15% des hommes) à estimer qu’elles ont déjà subi un traitement inéquitable lorsqu’elles ont demandé une augmentation de salaire, 21% (contre 13% des hommes) lorsqu’il s’est agi d’obtenir une évolution de carrière ou d’accéder à un poste à responsabilité (19% contre 13% parmi les hommes). 

Il n’est d’ailleurs pas besoin d’un motif particulier pour estimer faire l’objet de discrimination : une femme sur cinq (20%) s’estime aujourd’hui dans cette situation au quotidien dans son activité professionnelle, soit 6 points de plus que lors d’une enquête menée par l’institut CSA en 2009 !  

Tendances positives dans la gestion féminine

Malgré les défis, des tendances positives montrent des progrès vers l’égalité des genres au sein des postes de direction. De nombreuses entreprises travaillent activement à équilibrer et à encourager les femmes dans des rôles de direction.

Par exemple, Hostinger démontre son engagement envers l’égalité des genres à travers la composition de son équipe. Actuellement, 44% des employés de Hostinger sont des femmes, et 56% sont des hommes. Notamment, 52% des postes de direction sont désormais occupés par des femmes, contre 44% en 2022, grâce aux efforts de restructuration organisationnelle.

En plus des efforts organisationnels, l’entreprise propose divers outils tels qu’un créateur de site web et un hébergement convivial qui peuvent aider quiconque à construire sa présence professionnelle en ligne. Hostinger partage régulièrement des histoires de réussite de clients, dont beaucoup proviennent de femmes leaders et entrepreneurs.

Être ou ne pas être manager 

Pour conclure cette étude, l’IFOP a mesuré l’envie des salariés n’occupant pas de fonction managériale à y accéder un jour s’ils en avaient la possibilité. Leurs réponses montrent que cette aspiration est partagée par une minorité d’entre eux (36%), avec des répartitions assez équilibrées entre femmes et hommes. Ainsi, 31%, à parité, espèrent occuper dans l’avenir un poste de manager et 28%, à quasi-parité également, devenir membre d’une équipe de direction au sein d’une entreprise.

Parmi les raisons évoquées par celles et ceux qui ne souhaitent pas assumer de responsabilités managériales figure en premier lieu, pour 73% des femmes et 62% des hommes, la satisfaction du poste actuellement occupé. Les autres motifs invoqués montrent clairement que les femmes ont tendance à sous-estimer leurs capacités par rapport aux hommes : elles sont ainsi 57% à juger qu’elles n’ont pas la personnalité d’un manager (contre 45% des hommes) et 44% à estimer qu’elles ne sont pas légitimes ou qu’elles n’ont pas les compétences requises pour un tel poste.

Les charges domestiques, dont on sait qu’elles sont très majoritairement assurées par la gent féminine, entrent aussi en ligne de compte : 50% des femmes (contre 40% des hommes) pensent en effet que des fonctions managériales seraient incompatibles avec leur vie privée. Enfin, même si elle est plus marginale, la crainte qu’une promotion soit uniquement le fait de critères basés sur le genre, l’âge ou bien l’origine incite 12% des femmes et 9% des hommes à y renoncer.

*Étude réalisée par l’IFOP pour Hostinger du 7 au 13 mai 2024, par questionnaire autoadministré auprès d’un échantillon de 2 500 personnes (dont 1 254 en activité professionnelle) représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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L'auteur

Chaimaa Chakir

Chaimaa est une spécialiste du référencement et du marketing de contenu chez Hostinger. Elle est passionnée par le marketing digital et la technologie. Elle espère aider les gens à résoudre leurs problèmes et à réussir en ligne. Chaimaa est une cinéphile qui adore les chats et l'analyse des films.